Je vous livre ici une partie très personnelle de ma vie sur ma dépression et une de mes maladies. Je vous partage mon témoignage pour que vous compreniez que malgré la détresse physique ou/et psychologique où l’on se trouve, on peut s’en sortir ! On peut apprivoiser la douleur. Je sais que c’est difficile à croire quand on souffre, moi-même je ne pensais pas qu’un jour je parviendrais à apprécier à nouveau la vie…

Cela fait 3 ans quasiment jour pour jour, justement après notre weekend annuel chez Disney (dont j’avoue ne pas me souvenir beaucoup !), que je me suis fait interner dans une clinique psychiatrique à cause d’une grave dépression suite à une maladie invalidante.

Je voulais en finir avec ma vie. J’avais déjà essayé quelques semaines auparavant mais je n’avais dormi que 3 jours. Quel fut pas ma déception à mon réveil. Non seulement ma détresse psychologique n’avait pas disparu mais surtout la douleur était toujours là.

Je suis tombée en grave dépression à la suite d’une névralgie cervico-brachiale qui a duré 16 mois.
16 mois de douleurs, de médicaments en tout genre, de spécialistes, de chirurgiens, de charlatans. J’ai perdu mon entreprise, ma vie de mère, d’épouse. Je ne servais à RIEN.

Les maux de tête inlassables, la douleur dans tout le côté droit du dos, la paralysie de mon bras droit m’empêchaient de vivre.

Durant les 4 premiers mois, j’ai pris beaucoup de corticoïdes, ce qui rendait gérables les douleurs. J’ai pu m’investir dans plusieurs actions, continuer de conduire…

A l’arrêt du traitement, non seulement la douleur est devenue insupportable mais j’ai commencé à sombrer psychologiquement.
A ce moment-là, le médecin a commencé à me donner des antidépresseurs, des opiacés pour la douleur. J’étais dirigé d’un médecin à un autre… Oui j’avais 2 hernies cervicales qui comprimaient un nerf, mais quelle était la solution ? On m’a fait une infiltration sans résultat. J’ai d’ailleurs su plus tard que dans mon cas, cela avait été une terrible erreur.

J’ai vu un chirurgien qui voulait m’opérer (encore !), souder 2 vertèbres ensemble, la même intervention que j’avais subi 15 ans plus tôt au niveau lombaire…

J’étais tellement shootée aux médicaments, que je ne me souviens plus de certains jours voir même de certaines semaines.

Heureusement, mon ostéopathe réussissait à me soulager un peu mais pas suffisamment pour avoir une vie « normale ». Je ne conduisais plus, je ne pouvais plus couper mes aliments, je sombrais…

Un jour, en plein supermarché, j’ai senti le sol se dérober sous mes pieds, une sueur froide, j’avais du mal à respirer et mon cœur s’emballait. J’avais le sentiment que quelque chose de terrible allait m’arriver. C’était la première crise d’angoisse d’une longue série.
Cela m’ait arrivé souvent sans que je m’y attende. Je ne sortais plus de chez moi, je ne voulais plus rien faire à part rester dans mon lit et dormir assommée de médicaments.

Je me sentais vide, inutile. Je détestais la maison où j’habitais, nous avions des problèmes administratifs pour la régularisation de l’adoption de notre fille, j’avais dû vendre mon centre de bien-être (difficile de masser avec un bras semi-paralysé…), je détestais ce froid qui me crispait et puis cette douleur lancinante, constante… J’avais déjà tant souffert auparavant de mon dos, de mes problèmes d’endométriose, j’ai des cicatrices partout de mes différentes chirurgies.

Je ne mangeais quasiment plus depuis plusieurs mois, je pesais 38kg. Je fumais aussi ce qui était pire que tout pour ma tension très très basse. Parfois, j’étais tellement faible que je ne pouvais plus me lever.
Je ne voyais qu’une seule issue : la mort ! j’étais un poids pour ma famille, et je me persuadais que mes enfants et mon mari seraient plus heureux sans moi et que moi je pourrais enfin me reposer.

J’ai demandé de l’aide à l’hôpital

Dans un dernier élan de lucidité ce fameux jour, j’ai commandé un taxi pour me rendre à l’hôpital.  Je leur ai dit que si je n’étais pas pris en charge, je ne serai pas capable de résister à l’envie d’avaler tous mes comprimés pour en finir.

J’ai été transférée dans le service psychiatrique où on m’a retiré toutes mes affaires, pas de téléphone, pas de chaussures, pas de bijoux. J’étais seulement vêtue d’une blouse de l’hôpital et j’avais froid. On m’a enfermé à clé. Je restais là seule, grelotante de froid, douloureuse, profondément triste au fond d’un petit lit dans une chambre avec des barreaux aux fenêtre et la seule distraction était de voir passer la tête des infirmières par la vitre de la porte. Cependant, on m’a tellement donné de médicaments que je n’étais capable de rien du tout à part dormir ou regarder dans le vague.

Ce service était horrible, mais c’était le weekend et il m’était impossible d’appeler qui que ce soit. Après plusieurs jours, j’ai pu être transférée dans une clinique privée où j’ai passé les fêtes de fin d’année seule. Je ne voulais pas rentrer les fêter avec ma famille. On m’a administré encore plus de médicaments que je n’en prenais déjà. J’ai commencé à prendre beaucoup de poids à cause de ça. Je pesais alors plus de 53kg, j’avais pris 15kg en seulement quelques semaines alors que je n’avais jamais dépassé les 46kg à part durant ma grossesse. Je ne voulais même plus me regarder dans un miroir.

J’ai passé plus d’un mois à la clinique. J’ai perdu beaucoup d’amis durant cette période-là mais j’ai aussi pu compter sur le soutien de personnes auxquelles je ne m’attendais pas.

Durant ce « séjour », j’ai essayé de réfléchir à comment je pourrais m’en sortir. Les psychiatres évoquaient un trouble bipolaire, j’essayais de m’en persuader pour comprendre l’état dans lequel j’étais.
Je téléchargeais des applis de yoga et de méditation pour reprendre un peu mon corps et mon esprit en mains. C’est aussi à ce moment-là que j’ai compris que je devais déménager, partir de cette maison. Que je devais convaincre aussi mon mari que notre vie ne pouvait être en France, que je ne pouvais pas me trouver loin de l’Ile Maurice, de sa douceur, de la bienveillance de ses habitants, de nos amis…

En sortant de la clinique, je suis partie seule dans ma famille de cœur là-bas pour essayer de me reconstruire. Le voyage fut épique, entre crises d’angoisse, douleurs et médicaments à assommer un cheval ! La chaleur, la bienveillance de ma famille et de mes amis, les bains de mer, la pratique douce du yoga et du pilates, m’ont fait beaucoup de bien.

Au retour, nous avons changé de maison et je suis partie à Paris rencontrer un grand chirurgien dans un hôpital renommé. Il m’a dit qu’il ne fallait surtout pas opérer et m’a orientée vers une infiltration de toxine botulique (oui, oui du botox !). On m’a injecté le produit dans les scalènes dont on a perçu une atrophie musculaire. Ce fut un véritable miracle ! Quelques jours après, la douleur que je supportais depuis 16 mois avait disparue !!! 16 mois de médicaments, alors qu’il suffisait d’une petite piqure !

J’étais alors encore sous antidépresseurs… J’ai décidé de tout arrêter, de reprendre ma vie en mains, de décider de ce qui était bien pour moi.Du jour au lendemain, j’ai TOUT arrêté. Durant 1 mois, j’ai subi des maux de tête, des sueurs, des tremblements, telle une droguée en manque !
En parallèle, j’ai supprimé le sucre blanc, le gluten et repris le yoga et le pilates dans une association au milieu de personnes d’un certain âge, qui étaient d’ailleurs plus en forme que moi.

Une deuxième vie après la dépression

Petit à petit, mon état psychique s’est amélioré avec l’aide également d’une psychothérapeute. J’ai recommencé à vivre, à avoir des projets. Je passais des heures en cuisine comme auparavant.
J’ai réalisé que la nutrition, l’activité physique et la compréhension de soi étaient bien plus efficaces que tous les médicaments et chirurgies de la terre.

C’est ainsi que j’ai voulu montrer qu’on pouvait s’en sortir, en écrivant les premiers articles de mon blog, en intégrant une école américaine de coach en santé nutrition…
Plusieurs mois plus tard, on m’a diagnostiquée une maladie génétique (le syndrome Elhers Danlos), qui expliquait les problèmes de santé que j’avais eu tout au long de ma vie…

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